un parfum d'aventure, dans les eaux de l'antarctique

Je pars en Antarctique pour un peu plus d'un an, plus exactement en Terre Adélie, à Dumont d'Urville avec l'IPEV (Institut Paul Emile-Victor). Dumont d'Urville est une base de recherche polaire française, située en dessous de la Tasmanie. Mon rôle sera d'étudier les poissons et les organismes qui vivent sur le fond, en dessous de la banquise.

dimanche 3 avril 2011

Une inuit au pôle Sud

Aviez-vous déjà entendu parler de cette légende ? Aviez ne serait-ce imaginé la possibilité ? Serait-il possible que des Hommes aient établi résidence au pôle Sud, ou en tout cas sur le continent Antarctique ? De quoi auraient-ils vécu ? Comment auraient-ils survécu ?

Comment survivre dans ce milieu inhospitalier ? Il fait froid, le vent souffle fort. Un vent tel que si cela arrivait en métropole, aucune maison ne résisterait. Aucune plante n’existe. Aucun arbre. Juste du lichen dans les fissures en été. Juste un paysage blanc à perte de vue. La seule ressource vient du fond des océans. Mais les marées n’existent quasiment pas et les profondeurs sont très rapidement vertigineuses. On atteint très facilement 40-50 voir 200 mètres de profondeur. Pas besoin de s’éloigner. Le glacier a fait son oeuvre et a érodé les roches. Les manchots et les phoques pourraient être une ressource. Ils seraient source de nourriture et de fourrure. En bref, tout ce qu’utilisent les inuits du pôle Nord. Alors pourquoi, dites-moi pourquoi n’ont-ils jamais établi résidence ici ?

En même temps, je les comprends. Le corps humain devrait résister en permanence à des températures négatives. Aucun répit. Le vent catabatique détruirait toute choses. Rien ne serait permanent.


Mais nous avons décidé la folle aventure de vivre ici un an. En tant que «la pêcheuse», je vais régulièrement à la pêche. Je me sers de mon trou de pêche pour avoir accès aux eaux sous-jacentes. Je descends des mètres et des mètres de fil afin d’atteindre le fond et espérer ramener un poisson. Je joue avec mon leurre. Je remonte et je redescends. J’attends. J’ai l’impression de ne jamais atteindre le fond. Parfois je lance mon fil dans les «rivières», les limites entre les plaques de banquise. Ces zones sont parfois libres de glace si le vent a soufflé.


Le problème est que la nuit comme le jour, l’eau gèle. Mon trou se rebouche. Tous les jours. Pas une seule pause. En une journée, j’atteinds déjà 10 cm d’épaisseur. Un bloc de glace. Mon trou n’est plus. Je dois casser. Tous les jours. Tous les jours, je dois aller jusqu’au trou et le déglacer. Armée d’une machette, je tape, je casse, je frappe. Et j’atteinds l’eau. Le froid règne en maître. Alors comment voulez vous que la vie soit facile pour un inuit ?

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