un parfum d'aventure, dans les eaux de l'antarctique

Je pars en Antarctique pour un peu plus d'un an, plus exactement en Terre Adélie, à Dumont d'Urville avec l'IPEV (Institut Paul Emile-Victor). Dumont d'Urville est une base de recherche polaire française, située en dessous de la Tasmanie. Mon rôle sera d'étudier les poissons et les organismes qui vivent sur le fond, en dessous de la banquise.

dimanche 27 février 2011

Le petit écran

Lors de la rotation 3, des journalistes de France 2 sont descendus sur l’île. Ils avaient dans leurs mains, une caméra et un micro. Ils ont parcouru l’île. Ils nous ont filmés. Nous avons été ridicules. Nous avons dit les pires bêtises.

Mais surtout, surtout, ne ratez pas cela ! Cela passe toute la semaine du 28 Février sur France 2 à la fin du Journal de 13 h. Cinq épisodes de 5 minutes. Peut-être y croiserez-vous ma tête....en train de donner du bacon à des poissons, en train de sceller des tubes, ou bien dans les bras de Nadia (REVOLTA) le jour du départ. L’oeil a été braqué. Il nous a surveillé.

Ma tête filmée vous passe le bonjour !

TerrAdéliRe

Nous sommes isolés sur notre bout de caillou. Mais je n’avais pas envie de vivre cela pour moi toute seule. J’ai eu l’immense chance de pouvoir partir, de pouvoir réaliser mon rêve. Alors je ne pouvais le vivre seule. Je le partage au quotidien avec toutes les personnes qui m’entourent. Bien des jours, nous nous regardons et nous disons combien nous avons la chance d’être ici, combien nous avons la chance de pouvoir regarder la lente dérive de l’iceberg.

Mais vous qui êtes au loin, vous qui aimez rêver ou bien lire des histoires. Une histoire de vie. Ceci est l’histoire d’un an de ma vie que je vous raconte. Sur ce blog, vous avez un peu de ma vie. Mais celles des autres ? Celle de notre communauté ? Je ne peux sur ce blog vous faire partager l’ambiance du groupe, vous retranscrire les évènements objectivement. Alors nous avons créé la gazette de la TA61. Elle est un peu le blog de l’hivernage. Nous allons essayer de la publier régulièrement. Elle raconte un peu de tout, rien de très sérieux, beaucoup de rire. Mais si jamais un jour, vous avez le cafard, je vous en prie, allez lire TerreAdéliRe. Vous rirez. Je vous le promets.

Le "premier caillou" a été publié, il y a deux semaines. Un autre caillou ne devrait pas tarder à être déposé. À la fin de l’hiver, nous aurons construit notre nid, prêt à accueillir nos petits....

Allez sur la page d’accueil de l’IPEV puis «en direct des bases» puis TerrAdéliRe ou bien http://www.ipev.fr/pages/ta61/accueilTA61.html

Le dernier colis de la saison

Je viens de recevoir mon dernier colis. L’Astrolabe est arrivé cet après-midi. Nous étions tous attablés. Une ombre rouge s’est approchée! Tout doucement, elle a pris forme et s’est amarrée. L’Astrolabe est à quai, sa quatrième rotation. Pour nous, il est signe de mouvements sur la base, de transferts de nourriture, d’arrivée de matériel. Mais celle-ci est différente de toutes les autres. Elle n’apporte pas de personnes. Elle est vide de vie. Elle annonce un départ imminent. Notre grand départ. Nous allons bientôt appareiller pour le rêve de notre vie, le rêve d’une vie. Bientôt, nous allons, isolés, nous regarder dans le blanc des yeux et apprendre. Apprendre le froid. Apprendre le contrôle de soi. Apprendre l’autre, sur l’autre. Apprendre notre rêve. Buvons tous. Buvons à nos rêves. Je vous souhaite tous autant que vous êtes que vos rêves se réalisent.

Je viens d’ouvrir ma dernière lettre. Ces mots qui n’ont d’importance qu’à celui qui les lit. Une lettre, une simple lettre est capable de faire remonter toute notre émotion. Une lettre. Elle est capable de nous faire pleurer. Elle est capable de faire resurgir des vieux souvenirs. Une lettre. Des visages qui apparaîssent. Une lettre. Des gens, qui sont loin et auxquels nous pensons. Une lettre n’a pas son pareil. Rien ne pourra remplacer une lettre, un simple mot sur un bout de papier. Il est précieux. Il est trésor. Dans notre territoire blanc, elles et ils sont nos trésors cachés.

En attendant, je savoure mes pâtes de fruit tout en vous écrivant... Je pense à vous.

PS : Suite à des problèmes de poste, une certaine quantité de courrier n’est pas arrivée. Je ne sais ce que je devais recevoir. Je contacterai directement les personnes qui m'ont envoyé du courrier. Les autres, c’est que je n’ai rien reçu. Cela arrivera à R0. Pour les colis, s’il y a, il faut demander un retour avec remboursement afin d’éviter toute perte.

dimanche 20 février 2011

Sombre

La lumière est source de vie. La lumière nous a soutenu durant tout l’été. Elle ne disparaissaît jamais. Présente. Chaleureuse. Elle nous entourait de ses rayons et nous portait de jour en jour. Elle a permis à la plupart d’entre nous de rallonger nos journées sans en être affectés. On pouvait suivre son cours grâce aux ombres qui nous surplombaient, changeantes ; elles tournaient autour de leur axe. Seule, son intensité était pour nous une indication de l’heure de la journée. On ne pouvait sinon déterminer le matin du soir, la nuit du jour. Tout se mélangeait. Certains en oubliaient même de se coucher et vivaient la nuit.

Mais c'est du passé. La douce lumière permanente n’est plus. Voilà quelques jours voire quelques semaines que le disque brûlant passe sous l’horizon. De jour en jour, notre environnement s’obscurcit. Les zones sombres grandissent. Il se couche maintenant vers neuf heures. Il se couchait, il y a trois semaines de cela vers dix heure trente. Notre espace temporel de vie diminue. Notre espace spatial s’agrandit.



Nous observons la pleine lune, dans toute sa rondeur, le soir. Son teint argenté rend le monde mystérieux. Les icebergs sont les antres des créatures de la nuit. Prêtes à sortir, elles attendent le moment où la nuit sera reine. Nous observons les étoiles, dans leur espoir scintillant. Elles indiquent le chemin à suivre pour rejoindre l’univers, un autre monde rempli de vie. Elles nous appellent. Elles appellent notre esprit, nous attirent vers la nuit. Dans leur indifférence, elles nous poussent à les rejoindre. Impassible, insensible au temps qui passe, elles nous regardent grandir et vieillir. Et nous les regardons avec envie.... La nuit devient doucement reine à Dumont D’Urville.

lundi 14 février 2011

Rotationnons, rotationnez, ....

L’Astrolabe est arrivé et il est reparti! C'est la troisième rotation, l’avant dernière. L’Astrolabe est reparti hier, dimanche. Il est arrivé avec des journalistes. Les journalistes nous ont "vidéonés", "photonés" puis repartis.
Nous allons passer à la télévision à la mi-mars. Nous allons apparaître sur vos écrans dans un mois au "13 heures" pendant une semaine et au "20 heures" une fois. Vous allez voir nos frimousses à la télévision. Je sais que nous sommes partis à votre plus grand bonheur. Un an de paix. Un an sans avoir à se soucier de nous, un an sans avoir à supporter nos caprices. Mais ne vous inquiétez pas, pour nous aussi c’est la paix ! Et puis nous savons aussi que pour mieux vous rappelez pourquoi vous nous avez envoyé à l’autre bout du monde, il fallait que vous voyez nos têtes. Alors c’est chose faite! Une fois que vous nous aurez vu en train de raconter des bêtises, en train d’emballer des tubes, en train de lâcher un ballon, habillé comme des sacs, en train de pleurer au moment de départ....alors seulement vous saurez pourquoi vous êtes heureux de nous savoir loin.


Alors dans l’hélicoptère, ils sont montés.
Dans l’hélicoptère, nous les avons vus disparaître, nos équipes, nos campagnards d’été. Ils ne sont plus que 25 sur la base. Ce sont les derniers rescapés. Les REVOLTAs sont partis. Ils m’ont laissée derrière eux avec des bons souvenirs.
A la métropole, ils seront de retour. À la vie métropolitaine, ils vont devoir se réhabituer. Mais les souvenirs de DDU, ils garderont. Et nous, les habitants de l'île des Pétrels, nous nous souviendrons de cette campagne d’été et de leurs têtes. Nous les reverrons l’année prochaine en bas résilles et en talons hauts, car à DDU, les samedis soirs, il faut sortir les tenues de soirée !




L’Astrolabe est parti derrière les icebergs et le SeaTruck a fait demi-tour. L’Astrolabe est parti vers de nouveaux horizons et le SeaTruck est retourné à l’abri côtier. Nous restons sur notre île.

La Criée

Ce matin, j’ai crié, Au poisson ! Qui veut du poisson ! Qui veut mon beau poisson ! Les quelques clients, qui se sont précipités vers mon étal, sont vite retournés dans leur bicoque, les mains vides.
Car ce matin, je n’ai qu’un poisson dans mon étal. Non pas que mon étal est vide, mais le chalut ne m’a offert qu’un seul et unique animal à écailles.
Il est plein mon chalut. Il est plein d’étranges animaux, des concombres de mer que mangent les asiatiques, des étoiles de mer qui ne brillent pas, des coquillages trop petits pour être mangés, des éponges mais non utiles pour se laver, des crevettes tellement petites qu'elles ne font que craquer sous la dent,...etc.
Alors sur mon étal, j’ai tous ces animaux qui viennent des profondeurs. Mais personne n’est intéressé par leur achat. Je ne comprends pas. J’ai eu beau crier encore et encore, personne n’en a voulu. J’ai eu beau raconter toutes les histoires sur leurs bienfaits, personne n’en a voulu. Alors je les ai gardés, mes beaux organismes. Je les ai gardés et mis dans l’alcool. Je les garderai avec moi, précieusement.



Mais le jour où La Criée a fêté son inauguration, les gens sont venus par millions. Ils ont tous accouru. Par dépit, je n’ai même pas fait d’annonce.... alors je me suis demandée pourquoi viennent-ils tous ? Que veulent-ils ? Qu’attendent-ils ? J’ai alors regardé autour de moi, et il y a du vin chaud, des petits fours mais aucun produit de la mer. Nous avons attiré les clients en ne vendant aucun produit de la mer. J’ai alors décidé de garder le nom de Baraque à frites comme nom vernaculaire pour ma Criée... peut-être que l’idée de manger des frites les intéressera et qu’ils viendront me rendre visite ? Et pour les scientifiques, ces fous, un peu timbrés, son nom latin sera "La Criée" en remplacement du "SeaLab", d’origine un peu trop anglo-saxonne. J’y vendrai toujours mon poisson et autres pendant l’été. Mais attention, les dates d’ouverture sont étroites mais les heures vont jusqu’à point d’heure. Alors je vous attends l’année prochaine pour la réouverture de "La Criée".

vendredi 11 février 2011

Une bouée par hélicoptère,



Pour le programme ICELIPIDS, j’ai dû mettre en place un mouillage. Un mouillage est une ligne que l’on ancre au sol. Le même mot est utilisé quand un bateau a jeté l’ancre, il est au mouillage.
Sur cette ligne, nous installons des appareils pour mesurer les paramètres qui nous intéressent. Nous y avons installé un piège à sédiments et une CTD. Le piège à sédiments est un gros entonnoir avec au bout un flacon pour récupérer les particules, les microalgues, le zooplancton qui tombent. C’est un principe passif ; le piège ne fait rien, il ne fait que récupérer ce qui tombe. La CTD mesure toutes les dix minutes, les paramètres de l’eau de mer, la salinité et la température, la profondeur pendant un an.

Mais pour que l'ensemble résiste pendant un an à une position fixe, il a fallu trouver 300 kilos de métal servant d’ancre sur le fond. Cela serait dommage qu’il se fasse emporter par un léopard des mers ! Maintenant, le mouillage tient au fond mais il faut des bouées pour que tout flotte dans l’eau. Cela paraît un peu contradictoire...il faut imaginer le système comme un bateau. Le bateau doit flotter, il a une coque qui flotte mais quand il jette l’ancre, il s’accroche sur le fond à un point fixe pour ne pas se faire balloter par les courants. Mais attention s'il y a trop de bouées, elles soulèveront toute la ligne et dans ce cas, le mouillage voguera au grès des courants.
Un autre problème existera dans un an,....celui de pouvoir le retrouver, alors il faut noter la position exacte.... eh oui, le mouillage ne dépasse pas de l’eau. Il est à six mètres de profondeur....car s' il est en surface, il va se faire prendre par les glaces, la banquise va l’emporter....et si ce n’est pas la banquise cela sera un iceberg ! Nous espérons l’avoir mis dans un endroit où les icebergs n’aiment pas aller....alors nous verrons l’année prochaine s'il est toujours là.



Tout notre joli bazar fait environ trois mètres de haut sans compter les mètres et les mètres de câble. Notre joli SeaTruck a un peu du mal à lever tout un système de cette hauteur. Et puis pourquoi profiter da la présence d’un joli engin mobile volant. Vous voyez, les machines volantes,..pas celles de Léonard de Vinci ...mais celles que l’on voit survoler le bord de mer, ces machines rouges, couleur des pompiers. ... Alors le tridrocoptère s’est envolé avec dans ses mâchoires d’acier une manille....et au bout de cette manille, tout le mouillage. Trois cents kilos au bout d’une corde. Trois cents kilos se balançant dans le vide. Tu les vois dans le ciel, survoler les îles, se rapprocher de toi,...et tu les vois tomber, sombrer dans le bleu.

Tu lèves la tête,....vers les profondeurs et cherches à apercevoir la fin... la fin ...la fin du bout !

samedi 5 février 2011

Un ROV qui s’appelle Achille.

Le ROV ou robot télécommandé, ou encore robot sous-marin capable de filmer ou
encore,..... je ne sais pas...., la technique et la technologie actuelles ont rendu obsolète mes connaissances en la matière. Tout ce que je sais sur le ROV Achille, il est vieux de 50 ans environ. C’est un homme qui a vécu déjà un bon bout de vie et qui normalement profite des beaux jours calmes avant que les réparations ne s’enchaînent. Il est relativement de taille imposante...en même temps tout est de taille relativement imposante vis à vis du «bébé ROV» (le petit ROV jaune pour lequel je me suis entraînée à le diriger, le seul dont je parle depuis le début dans ce blog).
Le surnom de "bébé ROV" vient de son besoin incessant que l’on prenne soin de lui: c’est un jeune enfant. Certains l’ont même surnommé le ROV Lansay. Mais je ne partais pas pour parler de lui mais de son homologue de plus grande taille. Pourquoi l’a-t-on appelé Achille ? Je ne sais pas. C’est une bonne question et si quelqu’un a la réponse je serais heureuse de l’entendre.


Donc ce ROV Achille, voilà plusieurs jours que nous sommes sortis pour l’emmener en mer explorer les fonds sous-marins . Avec sa caméra, il filme et enregistre tout ce qui passe devant son gros oeil.
Ce matin, j’ai fait ma première sortie avec Achille. C’est la première fois que je vois en direct ce qu’il y a sous mes pieds, non pas juste à 10 mètres mais à 100 mètres, à 200 mètres sous moi. Dans ses grandes profondeurs sombres, obscures et glaciales.... Tout seul comme un homme, il est descendu dans le noir. Ses deux phares éclairent le bleu de la mer, les quelques «particules» présentes dans l’eau. Sur les côtés, tout est noir, tout est noir complet. La lumière n’existe pas. La lumière n’existe plus. Nous entrons dans un monde totalement différent du notre. Nous entrons dans un monde où la lumière n’est plus un acteur important du comportement du rythme de vie.
Bien sûr, la lumière en surface signifie le développement des microalgues, le phytoplancton et ce sont ces microalgues ainsi que le zooplancton (crevettes, copépodes, krill) qui le mange, qui en tombant nourrissent en partie les organismes du fond des océans. Alors plus il y a de lumière, plus il y a de microalgues, plus il y a de zooplancton, plus il y a de nourriture qui tombe. Nous découvrons au fond un monde coloré, diversifié, foisonnant de vie, magique; aucun mot pour le décrire. Un monde encore vierge, un monde subissant les icebergs et le froid. Je découvre la vie. Je découvre un monde merveilleux dans lequel je voudrais me fondre. Je voudrais participer à ce monde, le comprendre, comprendre comment il fonctionne, quel est le rôle de chacun là-dedans. Je voudrais surtout le regarder, l’observer sans le changer. Il est là, impassible. Il reste. Ici. Jamais. Toujours.


Ce matin, je suis donc allée explorer les recoins sombres de la planète.
Je voudrais descendre. Je voudrais plonger et ressentir le calme de l’eau, sentir sur ma peau le poids de la mer avec sa force. J’aimerais plonger dans l’obscurité, ne plus avoir d’yeux et avoir ne serait-ce qu’un petit aperçu des adaptations que ces organismes ont pu développer. Je suis aveugle, je suis sourde, je suis insensible. Je ne réponds à rien, de rien. Je suis aveugle à mon environnement sensoriel. J’ai voulu sentir le vide autour de moi et l’ivresse des profondeurs. Mais j’ai peur, j’ai peur de descendre dans le noir, de ne plus rien voir, et de perdre tout repère. Sans mes yeux, je ne suis rien. Je n’existe plus. J’ai peur de croiser la route d’une baleine, celle d’un manchot. J’ai peur du rien. J’ai la tête en bas. Je me retrouve à l’inverse. Je ne sais plus. Je me suis perdue. J’ai suivi le chemin. Lequel ? Celui que mes yeux m’indiquaient...je ne sais pas. J’ai perdu la notion du temps. J’ai perdu toutes notions. Je n’ai plus aucun repère.

Et j'y suis arrivée. Mon pied a touché le fond. J’ai senti le piquant des bryozoaires, le plastique des ascidies. Je ne connais ni leur couleur, mais je peux sentir à l’aide de mon pied, de ma main leur forme. Je vois. Je vois avec mes mains. J’ai plongé. J’ai vu. Mais j’ai peur. J’ai peur d’être seule dans le noir. Je me retourne. Un poisson vient de me frôler . J’ai peur dans le noir.....

jeudi 3 février 2011

Un jeté de carotte !

Beaucoup de travail sur la base. Il peut être de toute forme, il peut être drôle, intéressant, ennuyant, répétitif, surprenant etc... Certains travaillent dehors toute la journée, d’autres passent leur journée enfermés devant leur ordinateur. Certains sont enviés, d’autres pas du tout...ou plutôt dépendamment des jours on aimerait parfois être à une autre place qui nous apporte le maximum de confort ou d’intérêt. La météo est le facteur le plus important jouant sur nos envies. Les jours de vent et de neige, le paysage a beau être magnifique dans son extrême, nous n’avons qu’une seule envie, c’est de rester bien au chaud et de regarder par la fenêtre. Les jours de soleil, nous regardons par la fenêtre et jalousons les ornithologues, qui sur leur caillou, comptent les manchots.

Mais hormis les activités purement scientifiques pour ma part ou purement techniques, certaines activités dépassent un peu la spécificité pure....Ces activités sont essentielles, bien sûr. Mais elles ne sont pas vitales sauf peut-être pour elles-mêmes. Enfin, d’autres sont là juste pour faire de la place. L’île des Pétrels est grande, très grande pour nous, les 27 hivernants. Mais elle est petite, très petite en campagne d’été. Alors nous manquons de place un peu partout. Les réserves de nourriture arrivent, les échantillons scientifiques s’accumulent avant leur renvoi en France. Nous sommes dans une période cruciale.

Le plus grand lieu de stockage, dont j’ai besoin est le 58. Le 58 est un conteneur- congélateur à -20°C. C’est l’endroit où je stocke les carottes de glace, les poissons, les échantillons d’eau,..etc. Je les stocke d’abord au laboratoire dans des petits congélateurs, mais il arrive que je manque de place alors je migre tout dans ce congélateur dans lequel tu peux rentrer en entier. Il y fait froid, sec et sans vent. Ici régnaient des tronçons de carottes (des bouts de carottes, elles font entre 1m et 2m de longueur à la base et elles ont du être coupées en morceau de 20 cm pour pouvoir les mettre dans les glacières renvoyées en France). Alors l’hivernant de l’année dernière a coupé les carottes faites pendant l’hiver. Moi? Je ne devais que les mettre dans les glacières. Mais il y en avait tant que je ne pouvais pas tout faire rentrer. Alors j’ai dû choisir (ou plutôt j’ai demandé conseil au grand chef en France). Je ne renvoie que les morceaux intéressants. De ce fait, il restait plein, plein, plein de morceaux de glace et j’avais besoin de faire de la place ! Alors nous avons avec Basile et Bruno, les deux glaciologues de la base, rendu leur liberté aux carottes. Nous les avons libérées de leur sac et remis à l’air libre. Bientôt, elles seront de retour dans leur milieu naturel : la mer !