un parfum d'aventure, dans les eaux de l'antarctique

Je pars en Antarctique pour un peu plus d'un an, plus exactement en Terre Adélie, à Dumont d'Urville avec l'IPEV (Institut Paul Emile-Victor). Dumont d'Urville est une base de recherche polaire française, située en dessous de la Tasmanie. Mon rôle sera d'étudier les poissons et les organismes qui vivent sur le fond, en dessous de la banquise.

jeudi 3 février 2011

Un jeté de carotte !

Beaucoup de travail sur la base. Il peut être de toute forme, il peut être drôle, intéressant, ennuyant, répétitif, surprenant etc... Certains travaillent dehors toute la journée, d’autres passent leur journée enfermés devant leur ordinateur. Certains sont enviés, d’autres pas du tout...ou plutôt dépendamment des jours on aimerait parfois être à une autre place qui nous apporte le maximum de confort ou d’intérêt. La météo est le facteur le plus important jouant sur nos envies. Les jours de vent et de neige, le paysage a beau être magnifique dans son extrême, nous n’avons qu’une seule envie, c’est de rester bien au chaud et de regarder par la fenêtre. Les jours de soleil, nous regardons par la fenêtre et jalousons les ornithologues, qui sur leur caillou, comptent les manchots.

Mais hormis les activités purement scientifiques pour ma part ou purement techniques, certaines activités dépassent un peu la spécificité pure....Ces activités sont essentielles, bien sûr. Mais elles ne sont pas vitales sauf peut-être pour elles-mêmes. Enfin, d’autres sont là juste pour faire de la place. L’île des Pétrels est grande, très grande pour nous, les 27 hivernants. Mais elle est petite, très petite en campagne d’été. Alors nous manquons de place un peu partout. Les réserves de nourriture arrivent, les échantillons scientifiques s’accumulent avant leur renvoi en France. Nous sommes dans une période cruciale.

Le plus grand lieu de stockage, dont j’ai besoin est le 58. Le 58 est un conteneur- congélateur à -20°C. C’est l’endroit où je stocke les carottes de glace, les poissons, les échantillons d’eau,..etc. Je les stocke d’abord au laboratoire dans des petits congélateurs, mais il arrive que je manque de place alors je migre tout dans ce congélateur dans lequel tu peux rentrer en entier. Il y fait froid, sec et sans vent. Ici régnaient des tronçons de carottes (des bouts de carottes, elles font entre 1m et 2m de longueur à la base et elles ont du être coupées en morceau de 20 cm pour pouvoir les mettre dans les glacières renvoyées en France). Alors l’hivernant de l’année dernière a coupé les carottes faites pendant l’hiver. Moi? Je ne devais que les mettre dans les glacières. Mais il y en avait tant que je ne pouvais pas tout faire rentrer. Alors j’ai dû choisir (ou plutôt j’ai demandé conseil au grand chef en France). Je ne renvoie que les morceaux intéressants. De ce fait, il restait plein, plein, plein de morceaux de glace et j’avais besoin de faire de la place ! Alors nous avons avec Basile et Bruno, les deux glaciologues de la base, rendu leur liberté aux carottes. Nous les avons libérées de leur sac et remis à l’air libre. Bientôt, elles seront de retour dans leur milieu naturel : la mer !

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