un parfum d'aventure, dans les eaux de l'antarctique

Je pars en Antarctique pour un peu plus d'un an, plus exactement en Terre Adélie, à Dumont d'Urville avec l'IPEV (Institut Paul Emile-Victor). Dumont d'Urville est une base de recherche polaire française, située en dessous de la Tasmanie. Mon rôle sera d'étudier les poissons et les organismes qui vivent sur le fond, en dessous de la banquise.

samedi 31 décembre 2011

Le retour,

La fin est là. La fin est sous mes yeux. Nous venons de passer la
dernière ligne de pack lâche. La mer libre s'étend à l'horizon. Nous
sommes le 31 Décembre 2011, et c' est la fin de mon hivernage en Terre
Adélie. Je suis repartie de DDU par la rotation 1 et bientôt il va me
falloir retourner à la vie, celle que j'ai quittée avant de venir.

C' est donc la fin de ce blog. C'est le dernier message que je
poste. Merci à tous ceux qui m'ont suivie pendant l'année.
Je vous retrouve en France sous peu.

Mon adresse mail de DDU n'est plus valide. Il ne sert à rien de m'en
envoyer là-bas, il vous sera retourné. Vous pouvez par contre utiliser
de nouveau mon adresse email habituelle.

BONNE ANNÉE À TOUS !!!

dimanche 25 décembre 2011

Brise-glace,



L'Astrolabe vaincu par les glaces. L'Astrolabe a dû faire demi-tour lors de la première rotation. Les glaces ont eu raison de sa volonté et ne lui ont pas laissé la chance de s'approcher. Mais ce bateau ne se laisse pas faire, coûte que coûte, il doit revenir. Il doit apporter de quoi nourrir, travailler, vivre, de quoi supporter l'hiver prochain. Armé de tout son courage, il a retenté sa chance, espérant arriver jusqu'à DDU. Mais les conditions météorologiques ont encore une fois eu raison de lui... la banquise entoure la base Dumont D'Urville. Pas moyen d'arriver à quai. Il s'est arrêté à 7 km de la base. Il s'est posé sur la glace, signalant la fin du voyage. Il était là-bas tout au loin, une petite tâche rouge à l'horizon.

Mais depuis, chaque jour, il grignote. Il prend de l'élan, il monte sur la banquise, la casse. Et petit à petit, il avance. Il se rapproche. Il n'arrivera pas jusqu'à quai, mais petit à petit il grossit à l'oeil. Nous pouvons presque voir marqué Astrolabe sur sa coque. Il n'est plus qu'à 4km.

Et pendant ce temps, l'hélicoptère a entamé son ballet. Il va et vient, déchargeant tout le matériel...

Bonnet rouge,



Je vous souhaite à tous un joyeux Noël ! En espérant que vous ayez la chance de le passer sous la neige...

Nous avons vu le Père Noël passer, il nous a apporté plein de cadeaux...et de la neige. Car tout le monde, ici, a été très sage pendant l'hiver. Les lutins ont été à l’œuvre !!

jeudi 22 décembre 2011

Enfouie,

Neige. Neige. Neige. Je suis sous la neige. La neige m'a enfouie. Neige humide, lourde. Neige d'été. Neige qui recouvre. Neige qui ne s'envole pas. Neige.

Sur mon caillou, j'ai été ensevelie. Elle m'a recouvert et juste mon nez dépasse. Je dois rester, je ne dois pas bouger. Si je quitte ce caillou, je perds mon oeuf.

samedi 17 décembre 2011

Vers la mer,




L’été, en Antarctique, tout est tourné vers la mer. Nous avons beau l’apercevoir au loin, elle est notre préoccupattion. Nous ne voulons pas la voir trop vite arriver et en même temps, l’Astrolabe aimerait bien que la débâcle soit là pour pouvoir arriver jusqu’au quai. Nous la voyons de loin. Nous regardons tous les matins si elle a bougé. Nous guettons la prochaine tempête, celle qui pourrait rendre sa liberté à la mer. La banquise fond doucement...

Pour tous les oiseaux de l’archipel, il serait beaucoup plus simple que la mer soit à leurs pieds.. cela leur éviterait de devoir marcher sur de longs kilomètres avant de pouvoir prendre un bain rafraîchissant. Ils n’auraient qu’à s’approcher du bord et à sauter. Tremper un pied et puis l’autre, hésiter pour finir par sauter.. le léopard ne devrait pas être dans le coin.

Les poussins empereur ont entamé leur longue procession vers la polynie...


Virgule,

Virgule a été une énigme et mon compagnon de l’hiver. Virgule allait et venait. On espérait tous le voir à chaque fois que nous ouvrions le couvercle du trou de pêche. La plupart du temps on ne pouvait voir que le trou d’eau libre qu’il avait laissé après être remonté pour respirer. Cela a été le même phoque pendant tout l’hiver. Aucun n’autre n’a été aperçu. Un phoque pour un trou. Ils n’ont pas l’air d’être très partageurs... D’autres phoques ont été vus ou entendus un peu partout sur la banquise, proche des rivières. Était-ce Virgule ? Si c’est le cas, Virgule aurait besoin d’un grand territoire pour tenir l’hiver... un phoque gourmand ?

Nous attendions une chose avec impatience... que Virgule sorte de l’eau. Lors des comptages de phoques de Wedell, nous l’avons cherché. Pas de Virgule. Est-ce un mâle ? Est-ce une femelle ? Nous ne l’avons pas trouvé, et nous continuons de le voir de temps en temps au trou de pêche...

Virgule est sorti de l’eau... juste à côté du trou de pêche, par un trou de tarière. Dans un petit trou, Virgule est passé. Nous qui pensions ce phoque énorme ! Et au surprise, Virgule est une femelle... voilà qui vient casser toutes nos hypothèses... !

Virgule, la femelle du trou de pêche.


lundi 12 décembre 2011

Sous la surface,



La tête du phoque, Virgule dans le trou de pêche.



Un manchot adélie qui plonge à la polynie.




Une méduse.

Si ce n’est le noir profond de la mer, c’est la banquise. Si ce n’est une forêt, c’est le sable. Si ce n’est le blanc de l’écume, ce sont les algues. Ils recouvrent. Ils masquent. Ils cachent. L’océan nous est invisible. Il est bleu, transparent, immense, profond, inconnu... il a beau être transparent, nous n’arrivons pas à en voir le contenu malgré des heures à scruter l’eau, essayant de percer l’eau. Il est tellement profond que nos yeux ne pourraient en déterminer le contenu . L’océan est un océan de mondes, un univers d’univers. Un milieu où des multitudes d’organisme sont présents et en même temps vides. On peut ne rien y voir en plongeant la tête au milieu de l’océan, comme on peut y faire des rencontres surprenantes.




Une méduse.



Un cténaire.

mardi 6 décembre 2011

De l’eau,




Quoi de plus enivrant que l’eau, celle qui bouge, que l’on peut sentir, ressentir ? Elle appelle notre regard, elle se fige. Nous ne pouvons plus le détourner. Il est fixé sur ce point mouvant. L’eau attire.

Assis au bord de l’eau, le spectateur reste immobile, comme plongé dans ses pensées. Il ne réfléchit point. Il n’attend point. Il reste juste là. Immergé. Son oeil suit les mouvements de l’eau. Il ne peut y échapper. Il ne contrôle rien. Il est figé.

Jusqu’au moment, où un frémissement au coin de l’oeil apparaît. Le regard se détourne. La pupille retrouve vie. Un manchot adélie saute hors de l’eau. Sur le spectateur, quittant son état de veille, se dessine un éclat. Une fossette apparaît. Puis le regard se fige de nouveau sur la toile bleutée. Le spectateur ne peut s’en détacher. Il ne peut quitter cette eau.


samedi 3 décembre 2011

Un bain en Antarctique,




Aujourd'hui, je me suis baignée dans le trou de pêche. L’eau est pleine de glace. Je sens le froid de la glace et des paillettes me coller aux jambes. J’ai beau bouger les bras, je ne sens que la glace et je n’arrive pas à avancer. Un vrai dédale. Il a fallu que je plonge la tête sous l’eau pour m’y retrouver, mais le froid m’empêche de prendre ma respiration convenablement. Un froid mordant. Doucement, le soleil me réchauffe le dos, adoucissant le froid.
Mais c’est sans compter la venue de Virgule, le phoque de Wedell.... surprise par son arrivée, je me retrouve sous l’épaisseur des paillettes, impossible de me libérer. J’ai vu ma vie défiler sous mes yeux.... je m’imagine déjà mâchouillée par les dents immenses de ce monstre.




J’ai eu de la chance, une main géante m’a sauvée...