un parfum d'aventure, dans les eaux de l'antarctique

Je pars en Antarctique pour un peu plus d'un an, plus exactement en Terre Adélie, à Dumont d'Urville avec l'IPEV (Institut Paul Emile-Victor). Dumont d'Urville est une base de recherche polaire française, située en dessous de la Tasmanie. Mon rôle sera d'étudier les poissons et les organismes qui vivent sur le fond, en dessous de la banquise.

dimanche 28 août 2011

Quoi déjà le retour ?

Ceci est un appel général.

Attention! attention! Je répète. Ceci est un appel général.

Rien de très grave, je vous rassure. Je ne rentre pas là tout de suite. En fait, je ne sais pas vraiment quand je rentre mais cela sera entre la fin janvier et la mi-février. Et puis après, c’est la fête, les vacances, les cocotiers, les plages de sable fin, etc. Enfin peut-être pas. J’ai deux mois de vacances, où je vais pouvoir profiter du soleil avant de retourner en France.

Du coup, je lance un appel à ceux qui voudraient prendre des vacances de ce côté-ci du globe. Tasmanie, Nouvelle Zélande et Nouvelle-Calédonie sont les trois destinations préférées mais je ne ferai très probablement pas les trois. Je ne contacterai pas tout un chacun individuellement pour savoir si cela vous intéresserait, mais si jamais vous y aviez pensé ou aviez envie, envoyez-moi un email à l’adresse inscrite sur la droite de la page du blog (prénom.nom arobas ddu.ipev.fr). (On doit prévoir nos billets d’avion courant septembre avec l’IPEV).

A bientôt.... dans quelques mois. Parce que n’exagérons pas, l’hivernage n’est pas terminé !

jeudi 25 août 2011

Igloo,



Le début de l'igloo avec le doc sur la photo


L'igloo, le mur, le trou de pêche, les cannes à pêche, la banquise, le mât iono... mais pas les poissons !!!




Les blocs,...



S’il y a une construction qui est parfaitement adaptée aux climats polaires, c’est l’igloo. Elle ne nécessite que les matériaux disponibles et de l’huile de coude. Un long couteau ou une scie peut être pratique, même très utile. Un peu de temps et un abri est construit.
Le problème majeur restant la disponibilité de ce-dit matériau. Au Groenland, de la neige, il doit y avoir un sacré paquet. Mais en Antarctique, une des régions les plus arides du monde, elle n’est pas monnaie courante, surtout cette année, où elle nous a fait faux-bond jusqu'à la semaine dernière, et encore nous avons eu de la chance, elle est tombée en assez grosse quantité. À cela tu rajoutes du vent, comme on a si bien, et la neige retravaillée passe du stade paillette au stade dur. Elle nous fait encore des fausse joies par endroit, dure sur le dessus, toute molle en dessous, un pied et... cela craque. Tant pis. Mais par chance, nous avons des bons tas de neige bien durs autour du trou de pêche.

Cela fait plusieurs mois que j’attends la neige, d’une pour travailler plus facilement mais aussi pour me faire une maison qui me protège. Je voulais qu’on le fasse juste au-dessus du trou de pêche, une isolation contre le vent et le froid. L’idéal, plus de trou de pêche à déglacer ! Malheureusement, le diamètre a causé quelques frayeurs à notre cher docteur, et il a préféré en faire un tout petit à côté du trou de pêche. Mais au moins je peux aller m’y réchauffer... et je peux m’allonger dedans (pour donner une idée du diamètre).

La construction s’est échelonnée sur deux jours. Les fondations puis la totale. Bloc après bloc. Une. Une. Une. Des alexandrins d’Alexandrie qui construisent une pyramide. Une. Une. Une. Nous voyons notre igloo monter. Des blocs tout droit sortis de la neige apparaîssent. Un toit, des plaques. Une porte, un trou dans la neige. Des joints, des morceaux de neige. Nous devons ramper pour pénétrer à l’intérieur. Des bancs, une carotte et une canne à pêche. Un futur spot de pêche très reconnu, quand les poissons seront de retour : il semblerait qu’ils aient décidé de partir en vacances depuis deux semaines....

Je pourrais m’y installer, y amener un réchaud, une petite lampe. Je pourrais faire ma petite vie d’Inuit d’Antarctique. Je pourrais vivre sur la banquise. Je pourrais sentir la neige et la glace. Je pourrais me faire peur toute seule. J’aurai certainement très peur toute seule la nuit.

Depuis un mur a été construit pour me protéger du vent et faire des prélèvements en toutes conditions. Je pourrais bientôt venir pêcher par 200 km/h....si le mur tient le coup !

La fermeture du toit, C'est Romain l'électro sur la photo


La porte d'entrée de l'igloo. Benoit sur la photo


L'intérieur de l'igloo

jeudi 18 août 2011

Une mer blanche,...



Le départ de BIOMAR, accompagné des ornithos. Philippe le GP dans le traîneau. Derrière on voit le radier, et le toit de glacio (labo 3)... la route descend le long de la colline qui est visible en haut à gauche.

Il est de ces journées que l’on n’oublie pas. Elles changent des habitudes, elles sont différentes, parfois seulement un tout petit peu mais juste assez pour qu’elles restent gravées. Depuis le début de l’hivernage, je vais une fois par semaine effectuer des traits verticaux (je descends le filet à 40 mètres de profondeur et je le remonte) avec des filets à phytoplancton (algues) et à zooplancton (copépodes, méduses, ...). Je l’ai fait tellement de fois, que j’ai du mal à distinguer les semaines d’une autre. Chacune est unique, chacune a son lot de péripéties. Mais tout s'emmêle dans ma tête. Trop de fois. Trop de fois les mêmes gestes. Mais parfois, cela est vraiment différent.




Il a neigé, vous le savez. Il a neigé suffisamment de neige pour que cela soit difficile de se déplacer sur la banquise sans raquette et suffisamment pour que je doute de la capacité du quad à tirer le traîneau jusqu’au trou de pêche. J’ai tenté. Nous, moi, le doc et le GP, avons pris place sur le quad et dans le traineau pour un trajet d’un peu plus d’1 km (nous devons passer par le Nord de l’île afin de ne pas embêter les manchots). Nous étions dans un nuage blanc. La neige nous entourait de toute part. J’avais du mal à distinguer le chemin à prendre. Et nous chevauchions. Nous chevauchions le quad dans une mer blanche et écumante. Nous étions comme sur un bateau. J’avais peur de m’arrêter, peur de ne pas pouvoir redémarrer. Nous avons gité à bâbord et à tribord, nous avons descendu des crêtes de neige. Nous avons rempli le traineau de neige.

Le trou de pêche. Où est le trou de pêche? Je n’arrive pas à le distinguer. Là... non, c’est une colonne de manchots, ... un point plus sombre... c’est mon épuisette qui dépasse. Nous arrivons à bon port.

Il ne reste plus qu’à déneiger....




Euh... c'est plein de neige... On voit le GP et le Doc, Yves Marie. .. pour la petite histoire... après le doc nous a quitté et j'ai fait le coup de la panne au GP.... j'ai laissé (sans faire exprés) le quad allumé sur batterie avec les phares allumés... et bah au bout de 15 min.. plus de batterie.... et on a été obligé d'appeler à la rescousse Justin le mécano....

mercredi 17 août 2011

De la poudre blanche,





Nous l’attendions. Cela fait des mois et des mois que nous croisons les doigts pour avoir quelques flocons, même un petit peu. Nous nous disions que l’Antarctique, finalement, y a pas de vent, y a pas de neige.... mais où va donc notre planète ?

Depuis dimanche, il neige, pas de très gros flocons, même plutôt des flocons minuscules, de la neige qui flotte comme de la poussière, de la neige toute légère dans laquelle tu t’enfonces jusqu’à la glace. En trois jours, nous avons environ quarante centimètres de neige, pas beaucoup plus, mais suffisamment pour nous rendre heureux. Et puis il va encore neiger, paraît-il ...



Elle est encore trop légère pour nous permettre de faire de la luge, des vraies glissades, du ski pour les adeptes. Mais déjà la congère de BIOMAR (une grosse congère derrière notre bâtiment de travail, qui monte jusqu’au toit dans les bonnes années) sert de piste de luge. J’ai pu recouvrir le trou de pêche de neige. Plein plein partout. Il y avait de la neige partout. Je n’ai pas eu besoin de chercher pour récolter quelques centimètres carrés de neige.

La banquise est blanche. Les icebergs sont blancs. Tout est blanc. Le ciel est blanc. J’entends les flocons frapper le mur du dortoir hiver. Il neige encore.

De la neige.... !


Le remblayage du trou de pêche permanent... de la neige !!!
C'est pas moi sur la photo, c'est Benoit... je suis toujours derrière l'appareil photo.

Tout est blanc. Il neigeait.


dimanche 14 août 2011

Des trous pour des trous,




Justin et la tarière... elle était coincée et nous attendions les renforts,... il faisait froid et presque nuit.... alors nous avons inventé le manège sur la banquise.... !!!!


Il doit vous sembler que tout mon hivernage se résume à des trous, des ronds, des carrés, des sans-forme, mais que ce ne sont que des trous. À vrai dire, je n’ai pas trop le choix, je travaille avec la mer et sans trou je ne pourrais rien faire. Alors je fais des trous encore et toujours depuis que la banquise est là. Et je crois bien que j’en ai jusqu’à R1, si la neige continue à ne pas arriver. La débâcle... ? Il n’y en aura peut-être pas, pas d’Astrolabe, rien, nous restons sur l’île !

Je fais des trous avec une tarière, je fais des trous avec une tronçonneuse, je fais des trous avec un carottier, je fais des trous à la hachette, à la pelle, je fais des trous à la main,... Tous les moyens sont bons pour faire des trous, tant que je vois l’eau liquide !

Mais parfois, mes outils pour faire des trous... ne fonctionnent pas. Ils cassent, la banquise est trop épaisse, je les perds,... mais le pire est quand le carottier ou la tarière restent bloqués dans la banquise. Aucun moyen de les en déloger. Ni en soulevant, ni en tournant, ni en plongeant, ni en forçant. Rien à faire. Juste à ce moment-là, juste là, tu as l’air bête, pas un peu bête, vraiment bête. Tu ne peux pas laisser l’outil dans la banquise, tu en as besoin, mais tu n’as pas moyen de le récupérer.

À l’aide. La radio pour Camille. Jean-Marc (Chef technique) pour Camille. Justin pour Camille... S’il vous plaît.. je vais avoir besoin de renforts... je vais avoir besoin d’une ou deux paires de bras forts mais aussi d’une tronçonneuse. Il va falloir faire un trou autour du trou. Baptiste vient à la rescousse, une tronçonneuse à la main. Ils viennent m’aider par beau temps, ils viennent m’aider la nuit. Et nous faisons un nouveau trou....

OUF, SAUVÉE !!! Merci Merci Merci Merci.... !!!!



Baptiste et la tronçonneuse.... et le carottier pris par les glaces ! On voit derrière un petit bout de la base.

La place du marché,






Connaissez-vous le marché de Terre Adélie ? Il est proche de la station Dumont d’Urville. En hiver, une fois la banquise formée, le marché s’installe sur celle-ci. Il a autant de place que possible pour s’entendre et s’agrandir. Plein de nouveaux marchants s’installent. Il y a un va et vient et un trafic de marchandises important.

Si vous m’avez compris et ce n’est pas la première fois que j’utilise cette expression de place du marché, je parle de la manchotière. Surtout ne vous méprenez pas quand je parle de marchandises, je devais faire une analogie. Mais les poussins empereurs sont traités comme des marchandises. Les femelles reviennent depuis 2-3 semaines maintenant et certaines se sont retrouvées sans poussin. Leur mari ayant pu être quelque peu maladroit. Ne pouvant vivre sans, elles cherchent ailleurs et la meilleure place est toujours chez son voisin. Elle va lui piquer ou essayer de lui piquer son poussin. Il s’en suit une mêlée phénoménale...à croire que les manchots aiment jouer au rugby.

Les piaillements, les chants des parents, le tout se mélange dans une immense cacophonie. En faisant abstraction des parents, nous pourrions nous croire en métropole, mais l’ambiance générale revient à la charge. « Mon mari, mon mari !!!! » «Qui a vu mon mari» crie la femelle. On croirait entendre, «mon melon, mon bon melon, qui veut de mon bon melon ?» Et d’ailleurs certains mâles ont aussi commencer à rentrer.... le marché ne s’arrête plus. Sous la caresse douce du soleil qui éclaire de sa chaleur la manchotière, celui-ci s’est étendu, prenant ses aises tant que le temps est clément....

Et les petits ont grossi... il n’y a plus de raisons d’attendre pendant longtemps pour apercevoir un bout de bec dépasser de la poche du parent. Ils sont là, secouent la tête, crient famine. Des têtes se reposent sur les pattes du parent. Nous ne voyons que les fesses dépasser, ils sont à l’envers. Et ils piaillent, piaillent.... Papa Papa Maman Maman, regardez j’existe et j’ai FAIM !

Un bébé chalut pour un bébé ROV,


Le muskeg et les deux traîneaux,... Justin aux commandes et Benoît debout. et moi qui prend la photo


Justin et Benoit font un trou à la tarière



Le retour du chalut et de ses bébêtes... !!! Benoît sur la photo. Et le bébé chalut bien sûr !!!!
Je ne vous bassinerai plus les oreilles avec tous les détails des manips ROV. Vous en avez suffisamment entendu parler. Mais cette fois-ci, j’ai mis un bébé chalut à l’eau. Un tout petit chalut, comme celui que l’on utilise l’été avec REVOLTA pour râcler les fonds marins. Il est juste trois fois plus petit. Nous avons bien eu des misères, mais tout a été tellement facile. Nous l’avons mis à l’eau, et une fois remonté, un petit paquet d’organismes était présent au fond du chalut. Rien d’exceptionnel, mais depuis le temps que j’essayais de le faire fonctionner !



Le trémail vu par le ROV... et le dessous de la banquise en haut à gauche.
Et puis nous avons aussi mis un trémail sous la banquise, ... celui qui m’avait permis de remonter des méduses,... et cette fois-ci nous l’avons regardé avec le ROV.... un filet attrapeur d’étoiles...


dimanche 7 août 2011

Une faille,

Un coffrage dans la glace. Il a suffit d’un bout de bois pris dans les glaces. Il a suffit d’un bout de bois pour créer une zone fragile dans la banquise.

La veille, je suis passée voir le trou de pêche pour le déglacer. Aucun signe de fragilité. La banquise était égale à elle-même, blanche et bleutée. Un immense tapis de blanc. Une patinoire.

J’y suis retournée le lendemain. Le couvercle du coffrage était difficile à ouvrir. De la glace, probablement, je me suis dit. Après avoir tout nettoyé et avoir essayé de remettre le couvercle, après de multiples tentatives, il nous a été impossible de remettre le couvercle. Soit j’ai trop bu et je n’arrive pas à emboîter deux choses entre elles, ou alors il y a eu un changement. En posant le regard au sol, histoire de réfléchir, j’ai aperçu une fissure. Pas bien large, mais une petit fissure dans la banquise. Et en regardant l’origine de celle-ci, grand fut mon étonnement quand je la vis courir d’un bout à l’autre de la zone entre l’île des Pétrels et l’île Bélier.

Depuis la fissure s’est rebouchée avec les quelques flocons de neige qui sont tombés, mais le coffrage est toujours bancal...

mercredi 3 août 2011

Festival des films d’Antarctique,


Justin,chauffeur de moruka.

L’Antarctique, immense continent. Un continent où les nationalités se mélangent.
Je ne pourrais pas les dénombrer, mais elles viennent de partout dans le monde. Nous partageons chacun à des milliers de kilomètres, des expériences similaires. Le froid, la neige, le vent,... Certains vivent à l’intérieur, d’autres sur la côte. Mais nous vivons tous dans l’isolement.

Alors histoire de se rapprocher et de partager nos vies, un festival international des films d’Antarctique a été mis en place par la base américaine McMurdo. Cette base plutôt immense compte 9 films cette année. De notre côté, nous avons réalisé deux films, un dans la catégorie Open, un dans la catégorie 48h. Les films ne doivent pas dépasser les 5 minutes.

La catégorie Open est un film tourné en Antarctique, mais dont le sujet est libre. Il n’y a pas d’obligation de temps de tournage.


Yves-Marie, Yannick, Xavier, Coralie en arrière-plan. Derrière, c'est l'île Rostand et en arrière-plan le glacier.

Pour la catégorie 48h, le film doit être tourné et monté dans les 48 h (le 30 et 31 Juillet de cette année). La veille au soir, McMurdo nous envoie les cinq objets qui doivent faire partie de notre film. Pour cette année, nous avions : une barre chocolatée sur un T-Shirt, une scie, le bruit d’un robinet qui goutte, Popeye comme personnage et une phrase de dialogue : «... which I imbibed rapaciously.» (... que j’ai ingurgité avec avidité).

Le sujet de notre film 48h, je vous laisse le découvrir. Mais je vous donne en primeur quelques captures d’écran. Les images sont un peu floues. Mais peut-être qu’elles vous parlerons et que vous devinerez la référence de notre film.
Et il faut aussi remercier nos chers acteurs, qui ont perdu des oreilles, des doigts dans le tournage. Merci à tous !


Coralie et son harmonica (enfin le mien....!)
Alors ?

Vous pouvez télécharger ou visionner les films de toutes les bases sur http://blog.cupojava.net/?page_id=123. Il faut cliquer sur DL pour télécharger un film.

mardi 2 août 2011

Avis à tous ceux qui aiment les lettres,

Je lance un appel général à tous ceux qui aiment les lettres et les colis. Pas les recevoir. Mais les envoyer. Il est encore loin le moment où nous pourrons recevoir nos premiers colis (pas avant la fin octobre). Mais il faut s’y prendre à l’avance. Il faut les bichonner, les dorloter, leur dire que le voyage va bien se passer. C’est que ces chers colis vont vivre une expérience plutôt difficile. Après de nombreuses heures de vol en avion, ils vont devoir affronter la mer. Et pas n’importe laquelle. Ils vont devoir affronter la mer australe. Une mer déchainée. Une mer où des vents violents soufflent. Une mer où il va falloir briser la glace. À chaque instants, ils vont risquer leur vie.

Les dates sont toutes indiquées. R0, R1, ..etc correspondent aux rotations de l’Astrolabe. Et pour tous ceux qui sont hors Paris, prévoyez d’envoyer vos colis et lettres au moins un mois avant la date du départ du bateau.





Je les attends avec impatience !