un parfum d'aventure, dans les eaux de l'antarctique

Je pars en Antarctique pour un peu plus d'un an, plus exactement en Terre Adélie, à Dumont d'Urville avec l'IPEV (Institut Paul Emile-Victor). Dumont d'Urville est une base de recherche polaire française, située en dessous de la Tasmanie. Mon rôle sera d'étudier les poissons et les organismes qui vivent sur le fond, en dessous de la banquise.

dimanche 27 mars 2011

La poinçonneuse

Le froid s’est intensifié, l’hiver est à notre porte. La couche de glace s’épaissit et s’étend. Nous marchons sur l’eau. Nous avons l’impression de marcher dans une vallée de glace. L’océan est inconnu et absent. Notre île n’est plus.

Je ne peux plus lancer mes filets et mes casiers du bord. J’ai eu beau essayer, ils se retrouvent à chaque fois arrêtés par la glace. Il ne me reste plus qu’une solution pour enfin avoir accès à l’eau sous-jacente... faire des trous !



photos par Guillaume

Armée d’une tarière (un immense foré de 60 cm de diamètre), je me suis aventurée sur la banquise. Assistée de deux personnes, Sylvain et Marion, nous nous sommes attelés à la tâche. La banquise est jeune, elle ne fait que 30 cm d’épaisseur mais même à cela il nous a fallu une heure pour la traverser. Et encore, il nous a fallu finir à la pelle et la pioche ! La tarière un peu rouillée de sa période de repos n’a pas voulu aller plus loin. Alors avec une pelle dans les mains et Marion qui me tenait au cas où, je me suis mise à taper et casser les 5 cm de glace restante. Manque de pot, la glace a lâché et je suis tombée en avant.... et j’ai lâché la pelle ! Un bien triste cadeau au sol antarctique. De mon côté, je n’ai eu que le petit orteil qui a pris un bain. Le premier trou est fait.

Par ce trou, je fais passer des filets jusqu’au fond: filet à phytoplancton, filet à zooplancton, sonde de salinité et température, ...etc. Tous les échantillons sont ensuite traités à BIOMAR, le bâtiment de biologie de la base, mon lieu de travail.

Si ce n’était qu’un gros trou! je n’aurai pas peur de faire un chemin de pointillés et de fragiliser la banquise. En plus du gros trou, je fais de nombreux petits trous. Ils sont de taille bien inférieure dix cm de diamètre et sont effectués à l’aide d’un carottier.


Alors, je fais des trous et encore des petits trous ... Je récupère la glace pour la ramener avec moi. J’essayerais bien d’en faire plein et de voir si en sautant sur la banquise,je peux la fendre comme dans les dessins animés. Je partirais voguer sur ma plaque de glace. Et d’un grand signe de la main avec un mouchoir blanc, je leur dirais au revoir ... on se retrouve dans quelques années quand le courant circum antarctique m’aura ramenée en Terre Adélie.

1 commentaires:

Boué François a dit…

Bonjour Camille,
Bravo.
Une demi page dans la Manche Libre, avec des photos super. Tu va devenir une célébrité.
As tu essayer de tailler un Optimist dans la banquise avec un voile de glace en guise de gréement?
Bon courage.
François Boué.

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