un parfum d'aventure, dans les eaux de l'antarctique

Je pars en Antarctique pour un peu plus d'un an, plus exactement en Terre Adélie, à Dumont d'Urville avec l'IPEV (Institut Paul Emile-Victor). Dumont d'Urville est une base de recherche polaire française, située en dessous de la Tasmanie. Mon rôle sera d'étudier les poissons et les organismes qui vivent sur le fond, en dessous de la banquise.

dimanche 24 juillet 2011

Un filet sous la glace,


Deux trous dans la glace. Deux trous effectués à l’aide d’une tronçonneuse, de barres à mine et de lancés de jambes, le plus dur étant de faire passer les blocs de glace sous la banquise afin de libérer l’accès au trou.



La banquise est de plus en plus épaisse, elle atteint le mètre maintenant. Une tronçonneuse de 90 cm n’y suffit plus, il va falloir passer à celle d' 1,5 mètre, de quoi rendre jaloux les bûcherons. Je ne peux pas le faire moi-même, elle est bien trop lourde. La force demandée est au-dessus de mes moyens. Il faut déléguer. Justin, le mécano, vient comme toujours à la rescousse pour faire trempette et avoir le plaisir de briser la glace. Un bruit résonne sur toute la banquise. Il s’entend à plus d’un kilomètre, les jours de grand beau temps. Des gerbes d’eau sont projetées. Nous le regardons!

Les trous sont carrés, rectangulaires, octogonaux, .. tous les moyens sont bons pour réussir à avoir l’accès à la seule eau liquide à la ronde. Cet accès me permet de travailler. Sans eau, pas d’animaux marins et ma présence n’aurait aucune raison d’être. Le premier trou est mon trou de pêche, celui que j’entretiens avec tant d’amour et de ... passion ? Le deuxième est temporaire, il n’existe que lorsque je le décide. Petit à petit, je trace un cercle autour du trou de pêche permanent. Jusqu’au moment où je pourrais demander à tous les hivernants de venir et de sauter encore et encore afin de casser les derniers morceaux restants comme sur une feuille pré-découpée. Et nous prendrons les rames et partirons jusqu’à Port-Martin, le Mertz, Casey station. Nous n’aurons plus qu’à planter une tente, prendre des vivres avec nous. Nous avons notre moyen de transport infaillible dans un pays froid. Il ne risque que peu de se briser,... juste de fondre à force de frottements. Espérons que nous arriverons jusqu’au Mont Erebus.

Mais qu’y a-t-il sous la banquise ? Que risquons-nous de rencontrer ? du zooplancton ? Rien de bien méchant dans ce cas, ce n’est pas ces petits crustacés, des copépodes, qui nous ferons peur. Mais ce n’est pas non plus avec cela que nous allons pouvoir survivre à notre périple. J’ai posé un trémail entre mes deux trous dans la glace. Un trémail est un filet trois en un, une grosse maille pour les gros poissons, une petite maille pour les petits poissons, et re une grosse maille.



Pour une pêche efficace ! Je l’ai laissé 24heures, 48heures, espérant pouvoir apporter du poisson frais à mes compagnons de voyage. Du poisson, il n’en fut rien... seules deux petites méduses se sont retrouvées prisonnières dans mes filets. Avec une composition à plus de 99 pour cent d’eau, nous n’allons pas réussir à survivre. Peut-être devrions nous attendre quelques semaines, que les poissons arrivent ...



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