un parfum d'aventure, dans les eaux de l'antarctique

Je pars en Antarctique pour un peu plus d'un an, plus exactement en Terre Adélie, à Dumont d'Urville avec l'IPEV (Institut Paul Emile-Victor). Dumont d'Urville est une base de recherche polaire française, située en dessous de la Tasmanie. Mon rôle sera d'étudier les poissons et les organismes qui vivent sur le fond, en dessous de la banquise.

lundi 18 juillet 2011

Des petits nouveaux,



Leur nombre s’agrandit. Un renouvellement est à l’aube.
De jour en jour, on en dénombre de plus en plus. Les poussins empereur sont parmi nous.

Depuis plus de dix jours maintenant, les poussins percent leur coquille à l’aide de leur bec. Ils tapent contre leur coquille et cherchent à aller vers un monde plutôt froid. Je n’aurais pas tellement envie de sortir de l’oeuf à leur place.
Il fait -20°C dehors, le ciel est couvert, parfois il vente. Mais seuls les -20°C devraient leur faire peur. Leur duvet tout mouillé doit geler. Et pourtant, tous les ans avec le même besoin, ils sortent de l’oeuf et vont affronter les dangers de la banquise. Le parent le protège autant que possible du froid. Bien au chaud à l’intérieur de la poche d’incubation, le petit ne craint rien. Il sort de temps en temps la tête, pousse des cris, réclame à manger, ... mais il a vite fait d’être remis au chaud par ses parents.

Il est drôle de voir les parents contracter leurs muscles ventraux et laisser apparaître le petit, lui gratter la tête, le nourrir. On s’imagine qu’ils vérifient que tout va bien, qu’il est toujours vivant. Mais nous imaginons. Nous ne savons pas ce que pense les empereurs, comme n’importe quel animal d’ailleurs.

Les femelles sont de retour, juste à temps pour que les mâles puissent repartir en mer, manger de tout leur soûl. Voilà plus de cent jours qu’ils jeûnent. La manchotière est, de ce fait, redevenue une immense place de marché.
Des cris viennent de partout. Une femelle s’arrête, baisse la tête, chante. Des dizaines de mâles lui répondent. Elles cherchent leur mâle et leur petit. Parfois, le mâle a perdu l’oeuf alors il est reparti en mer. Celles-ci alors complètement éperdues se mettent à voler les poussins des autres empereurs. Elle a besoin d’avoir un poussin à nourrir, à élever. Elles effectuent des rapts.

Et puis cacher par la voix des parents, des cris aigus retentissent par-ci, par-là: les poussins. En fermant les yeux et en occultant les chants des parents, on pourrait se croire en France, au printemps, avec le chant des moineaux... une petite tête noire et blanche piaille....


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