un parfum d'aventure, dans les eaux de l'antarctique

Je pars en Antarctique pour un peu plus d'un an, plus exactement en Terre Adélie, à Dumont d'Urville avec l'IPEV (Institut Paul Emile-Victor). Dumont d'Urville est une base de recherche polaire française, située en dessous de la Tasmanie. Mon rôle sera d'étudier les poissons et les organismes qui vivent sur le fond, en dessous de la banquise.

vendredi 3 juin 2011

Le train train,



Nous vous parlons de nos exploits de zéros polaires, de nos anecdotes, des choses drôles que nous faisons. Mais jamais, vous entendez parler du train train quotidien, celui qui nous tient, celui que nous ne pouvons jamais lâcher. En Terre Adélie, il est d’autant plus présent que la vie suit son cours tranquillement sans qu’aucun facteur extérieur ne vienne la dévier. Nous avons créé notre petit cocon.

Tous les matins, les hivernants sortent prendre leur petit-déjeuner (ou pas), une couette enroulée autour du cou. Celle-ci, nous tient chaud le temps que l’état de demi-réveil s’évapore et limite l’effet douche froide de la sortie vers le monde extérieure. Bien enveloppée, tu as bien de la peine à sortir, tu lèves les yeux et tu ne vois rien, mis à part quelques points qui brillent. Points qui seraient plutôt des tâches lumineuses quand on oublie ses lunettes et que l’on possède une vue aussi développée que la taupe. Le noir te donne l’envie de retourner te blottir au chaud. Les volets ne servent plus à rien, sauf les soirs de pleine lune où sa lumière est tellement intense que tu as l’impression d’avoir un projecteur dans les yeux. Rien de tel pour s’endormir !

Une fois le petit déjeuner pris, il faut travailler et se motiver à travailler. Le noir ambiant te donnant l’impression qu’il est 4 heures du matin, alors tu te demandes pourquoi tu es levée et tu te dis que peut-être ton lit s’ennuie tout seul, là-bas au 42 et qu’il a froid et qu’il faudrait aller lui donner un peu de chaleur... ou peut-être est-ce moi qui voudrait de la chaleur ? .... Bref, après deux à trois tasses de thé (je n’aime pas le café), la journée prend un virage, ... vers les toilettes. Mais sauf votre respect, après trois tasses de thé et quelques mails et autres travaux informatiques, le soleil est levé. Il fait jour sur la base. Il est temps de mettre en route la machine. Le branle-bas de combat commence, il faut rassembler tout le matériel et se préparer à sortir, casse-croûte, thé chaud et sucré, tout ce qui peut tenir au corps et donner des calories pour résister contre le froid et faire barrière contre les infiltrations de baisse d’énergie.

.....

Quelques heures plus tard, les doigts et les orteils disparus, manchote je suis devenue, ainsi que mes compagnons de travail du jour. Il faut rincer le matériel et le ranger... ou peut-être que cela attendra demain. Aujourd’hui je n’ai pas le courage. Demain sera une bonne journée pour rincer...en attendant il y a mieux à faire.... un chocolat chaud et du pain bien frais comme goûter pour se redonner de la vitalité. Manque de pot, cela ne fonctionne jamais. La machine à digestion se met en route et c’est le sommeil qui te rattrape. Une solution pour ne pas sombrer dans les tréfonds de l’endormissement ? Certainement pas devant un ordinateur ...

Dans un état de somnolence, tu attends le repas du soir, n’attendant plus qu’une chose qui est les bras de Morphée (qui est un homme soit dit en passant...). Arrivée à table, tu regardes les autres hivernants, tu cherches qui manque, qui est l’absent, qui a sèché, et tu écoutes les dernières péripéties en rêvant à ton oreiller....

Le soir ? Mais quel soir ? Je dors le soir !

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