un parfum d'aventure, dans les eaux de l'antarctique

Je pars en Antarctique pour un peu plus d'un an, plus exactement en Terre Adélie, à Dumont d'Urville avec l'IPEV (Institut Paul Emile-Victor). Dumont d'Urville est une base de recherche polaire française, située en dessous de la Tasmanie. Mon rôle sera d'étudier les poissons et les organismes qui vivent sur le fond, en dessous de la banquise.

jeudi 12 mai 2011

Une mule, un renne, une pulka ...



De quoi apporter pour se ravitailler, un peu de matériel, beaucoup de machines,... Le poids d’au moins trois ânes morts. J’ai beau être une mule, je n’ai pas encore la capacité physique de porter à moi toute seule trois ânes morts. J’aurais bien pris avec moi une vraie mule, mais je crois qu’elle n’aurait jamais résisté au froid ambiant. Un renne.... je serais allée le chercher au pôle Nord, il aurait traversé les océans avec moi. Un renne de compagnie, il m’aurait tenu chaud sous ma couette cet hiver.

Mais les animaux sont problématiques en Antarctique, pour plusieurs raisons. Il faut les nourrir et donc apporter de la nourriture spécifique spécialement pour eux. Il faut les loger au chaud, leur donner du foin pour se coucher. Et puis nous n’avons pas le droit d’amener d’espèces étrangères en Antarctique (sauf l’espèce humaine...). Donc la mule et le renne, je peux oublier.

Pendant les prémices de la banquise, lors de sa période jeune et fragile, je chargeais tout le matériel sur une pulka (un traineau) et je faisais la mule, aidée bien sûr par mes co-hivernants. Et bien souvent, ils tiraient plus que moi ! Les sangles passées par-dessus l’épaule, la pulka essayait de glisser tant bien que mal sur la glace et la neige. Parfois pour parcourir 300 mètres, parfois plus d‘1km. Les troupes petit à petit se désagrégeaient. Le nombre de volontaires, dés que je parlais de pulka, diminuait.... Comment tenir tout un hiver ?

Après plusieurs semaines, la banquise s’épaissit, de telle manière que les véhicules peuvent circuler dessus.. comme un quad... un quad, des traîneaux, un bon moteur qui ronronne, le crissement des pneus dans la neige... et le tout qui glisse avec facilité sur la banquise.

Nous étions un jour de neige. Les lunettes sous l’effet de la respiration s’embuaient. Pas de possibilités de descendre, la visière au risque de ne plus rien voir pour les mêmes raisons, pas de masque non plus. La neige pénètre dans les yeux. Les yeux se plissent, concentrés sur la route à suivre.

Un chemin à tracer. La première route ouverte. Une neige qui s’accumule par endroit, principalement derrière les îles comme Mauguen et Rostand. Et un petit quad qui s’enfonce, s’enfonce sous la neige. Bientôt, nous ne voyons plus que le dessus des casques. Impossible de faire demi-tour. Nous devons aller de l’avant mais bientôt les pneus glissent et dérapent. Ils n’ont plus aucune prise. Nous sommes à l’arrêt. Alors armés de nos mains gantées et de nos pieds, nous déblayons la neige. Nous nous roulons dans la neige pour la tasser. Nous finissons par redémarrer le quad et essayer d’avancer....une aide humaine aura été nécessaire....

Alors pour finir nous sommes retournés dans le Pré, une zone en plein vent où la neige ne s’accumule pas.....




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