un parfum d'aventure, dans les eaux de l'antarctique

Je pars en Antarctique pour un peu plus d'un an, plus exactement en Terre Adélie, à Dumont d'Urville avec l'IPEV (Institut Paul Emile-Victor). Dumont d'Urville est une base de recherche polaire française, située en dessous de la Tasmanie. Mon rôle sera d'étudier les poissons et les organismes qui vivent sur le fond, en dessous de la banquise.

mercredi 19 janvier 2011

Le cycle de la vie adélienne

La vie adélienne est, à elle seule, un sujet d’intérêt. Elle est rythmée selon un ordre dont l’origine est inconnue. Elle ne dépend pas du cycle du soleil, ni du cycle de la lune. Le jour étant présent 24h/24h pendant la période d’été ou alors absent presque 24h/24h pendant la période d’hiver. Ce n’est pas non plus le cycle de la lune, ni des marées.Peut-être celui des manchots! Alors la question reste en suspens: qu’y-a-t’il ici pour rythmer nos journées ?


Pétrel des neiges

Le travail, les heures des repas,... en fait principalement les heures des repas... quand tu arrives, le rythme du soleil t’est inconnu et tu ne le remarques presque pas. À 23h, tu as l’impression qu’il est 18h. Avec le temps, tu observes et tu sens les infimes variations de luminosité et tu arrives à détecter le rythme de la journée. Mais la nuit est trop absente pour être un repère du rythme jour/ nuit, ce dont notre organisme a besoin pour se repérer. Alors les repas à heure fixe sont là, pas seulement pour donner un rythme mais aussi pour le cuisinier bien sûr ! Le matin, le petit déjeuner est entre 6h et 8h. Le midi, le repas est à 12h et le soir, le souper est à 19h15.

Dilling...dilling....dilling...La cloche retentit à l’heure où l’on doit se mettre les pieds sous la table et comme une masse, la foule va s'asseoir autour des tables. Le bruit des couverts retentit, les assiettes résonnent dans la salle à manger, le «séjour». Et les plats arrivent à table. Nous sommes tous environ deux fois de «petite marie» par mois. La «petite marie» ou service base consiste à servir, mettre la table, nettoyer les pièces communes sur une journée. Cela ne te prend pas toute ta journée. La première est un peu comme la découverte des cachettes secrètes de DDU, tu comprends un peu les rouages de la cuisine, comment tout est organisé, rangé et surtout tu te rends compte du travail que représente la gestion de 70-80 personnes sur la base. Les plats s’enchaînent, tu apportes, tu amènes; les gens demandent, tu observes, tu regardes, tu plonges les mains dans l’eau de vaisselle et tu fais la vaisselle. C’est le seul moment où tu as un contact avec la vie métropolitaine. L’argent n’existe pas, les soucis quotidiens n’existent pas, la vie est différente, allégée... !


Le travail est plus ou moins régulier, dépendamment des gens sur la base, certains ont une certaine routine à entretenir pour leurs expériences, d’autres sont dépendants des besoins comme c’est le cas pour la plupart du personnel technique ou alors d’autres comme moi, sont dépendants du temps climatique. Par mauvais temps, nous ne pouvons sortir, nous sommes cloîtrés sur l’île à observer la mer à travers les fenêtres, assis devant notre écran d’ordinateur, rentrant toutes les données récoltées.

La cloche de l’Astrolabe vient de retentir, il revient de la campagne océanographique. Nous ne savons pas comment elle s’est passée mais nous allons le découvrir demain.

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