un parfum d'aventure, dans les eaux de l'antarctique

Je pars en Antarctique pour un peu plus d'un an, plus exactement en Terre Adélie, à Dumont d'Urville avec l'IPEV (Institut Paul Emile-Victor). Dumont d'Urville est une base de recherche polaire française, située en dessous de la Tasmanie. Mon rôle sera d'étudier les poissons et les organismes qui vivent sur le fond, en dessous de la banquise.

mercredi 12 janvier 2011

Le premier chalut

Aujourd’hui, j’ai reçu un cadeau, mon premier chalut . Demain, pareil. Voilà trois jours, que je reçois comme cadeau des chaluts. Ces chaluts raclent le fond et ramènent beaucoup d’organismes, d’animaux vivant sur le fond. Dans le jargon scientifique, cela se nomme le benthos ou les organismes benthiques.

Le chalut remonte en abondance plein de jolis animaux, des ophiures, des étoiles de mer, des amphipodes, des isopodes (petites crevettes), etc... je ne sais plus où donner de la tête.


Les journées commencent par un petit tour en mer, histoire de s’oxygéner, de remonter notre fameux chalut et cela nous prend toute notre matinée. Il est midi, la cloche sonne, il est l’heure d’aller manger.

Le vrai travail commence. Nous devons trier tout ce que nous avons récolté. La plupart des organismes sont petits: moins de deux centimètres. Alors pour les voir, il faut se concentrer et bien observer. Ensuite il faut regarder qui ressemble à qui. L'équipe n’est pas forcément d’accord. Alors ça discute! Parfois nous nous interrogeons : qu’est-ce-que cela peut bien être? Un animal avec une forme un peu bizarre, nous ne savons pas trop si c’est une éponge ou une étoile de mer. Bon là j’exagère, à ce niveau là nous arrivons à faire la différence.

Les heures s’enchaînent , les unes après les autres, la cloche du soir résonne. Le repas fini, à peine le temps d’entamer la digestion que nous retournons dans notre container pour finir le travail. Rien ne peut attendre. Si la reconnaissance des espèces est faite le lendemain, les organismes meurent, perdent leur couleur, leur forme et toute leur fraîcheur. Il serait triste de les avoir enlever de la mer pour les perdre et ne pas les garder.

Quelle diversité dans ces fonds marins! Plonger parmi ce monde bleu doit être impressionnant. Nous sommes surpris par le nombre d'animaux au mètre carré. Certains sont drôles avec des formes d’alien aux yeux roses, certains sont gluants et n'incitent pas à être mangés.
Que de formes différentes, de couleurs variées pour un milieu si hostile. Nous ne connaissons rien ou peu de chose de ce monde et pour le connaître, il faut prélever un petit bout. Difficile parfois de se dire que cela représente des années de croissance, de travail pour un si petit animal. Mais l’homme a besoin de connaître pour protéger et faire le moindre mal.

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire