un parfum d'aventure, dans les eaux de l'antarctique

Je pars en Antarctique pour un peu plus d'un an, plus exactement en Terre Adélie, à Dumont d'Urville avec l'IPEV (Institut Paul Emile-Victor). Dumont d'Urville est une base de recherche polaire française, située en dessous de la Tasmanie. Mon rôle sera d'étudier les poissons et les organismes qui vivent sur le fond, en dessous de la banquise.

dimanche 26 septembre 2010

Dates et Adresses

La communication n'est pas le point fort de la Terre Adélie. Elle rechigne quelque peu à laisser ses enfants s'éloigner d'elle. Elle veut absolument les garder en son sein, les envelopper de son grand manteau blanc. Toute distraction extérieure pourrait s'avérer fatale.... son pays étant tellement dangereux.

Alors les seules moyens d'avoir quelques nouvelles de l'extérieur sont le courriel mais attention celui-ci ne doit pas être trop long, il ne s'agit pas là de raconter toute sa vie...et oui son poids est limité à 50 ko....faites bien attention sinon celui-ci n'arrivera jamais. Alors les adeptes d'hotmail, yahoo....pensez à désactiver les pubs,..etc qui prennent beaucoup de place !!! Je vous enverrai ma nouvelle adresse courriel en tant et en heure....celles que vous aviez l'habitude d'utiliser seront désertées à partir du 10 Novembre 2010 environ.

Sinon pendant l'été, le soleil nous réchauffe. L'emprise du froid perd de la puissance,....les dangers s'ammenuisent. C'est le moment idéal pour partir à l'aventure et apprendre des nouvelles histoires. Mais attention là encore, il n'en faut pas trop...la vigilance reste de mise. Mon adresse sera :

Camille Robineau
Base Dumont d'Urville
District de Terre Adélie
Terres Australes et Antarctiques Françaises
Via Orly C.T.C.O.M
FRANCE


et il y a des dates clées où le danger sera plus faible :



En attendant de partir et de recevoir vos histoires, profitez de les vivre pour mieux les raconter !

mercredi 22 septembre 2010

Permis de conduire...

Les hivernants sont tous repartis, ne laissant que quelques uns d'entre nous à Brest. Les derniers rescapés sont les informaticiens, ceux qui vont gérer tout le réseau internet des bases et certains autres outils de mesures en continues comme les marégraphes, le LIDAR pour la couche d'ozone,..etc.

Trois jours sont programmés pour la manipulation du ROV (Remote Operated Vehicule), un petit robot télécommandé. Ce robot ressemble à un petit sous-marin, mais personne ne peut y rentrer et ses yeux sont ceux d'une caméra. Rêve de tout enfant que de conduire une voiture télécommandée..... le ROV se conduit de la même manière mis à part l'ajout d'une troisième dimension. Assise en face de la manette, les yeux du ROV sont mes yeux pour sonder les fonds sous-marin.


ROV dans le bassin de l'Ifremer

Tests en bassin à l'Ifremer, Tests en mer,.... le petit robot se conduit comme un grand. Bravant les fonds inconnus, il se dirige droit vers sa cible. En effet, ce robot servira à aller d'un trou dans la glace à un autre. Mais comment faire quand on ne peut pas voir où l'on est ? Pas de carte routière pour ces zones sous-marines ! Alors il aura un petit appareil (balise répondeuse sous-marine) sur le dessus qui permet de signaler sa position par rapport au trou de départ où un transducteur USBL est présent. La même balise répondeuse est mise dans le trou de sorti...il ne restera plus qu'à le retrouver !


Bassin de l'Ifremer, à Brest

Mais pour l'instant, la glace est absente de la Bretagne ... (qui sait peut-être un jour la banquise reviendra sur nos côtes..) et les yeux du robot ont permis de voir des ascidies blanches, des étoiles de mer, un lieu jaune sur/autour les pilones du quai....les fonds sous-marins grouillent de vie !

Préparation et rencontres



(les cantines sont ces boîtes métalliques, d'environ 1 m de long, qui permettent le transport de nos affaires personnelles vers le grand sud)

Plein de choses se sont passées en peu de temps. Le cycle de la préparation s'est achevé, les cantines bouclées, remplies de choses et d'autre. De l'essentiel au superflu. Un art que le tétris !

Un cadenas se ferme, le deuxième...la première cantine est fermée à clé. De même, pour la deuxième. Soulagement...et crainte d'avoir oublié quelque chose d'important. En même temps, qu'y a t'il de réellement important ? De quoi s'habiller chaudement et se laver, les besoins premiers. Le reste, un aventurier polaire devrait être capable de s'en passer !

Et puis c'est le départ. Pas le grand départ, le petit départ, celui qui marque le début de la période de formation, le début de nouvelles rencontres. Mardi dernier (le 14 septembre), je suis partie pour Brest en voiture. Les cantines dans le coffre, la musique...en route ! À l'arrivée, étiquetage DDU (Dumont D'Urville) et elles sont mises sous les bonnes mains des personnes de la logistique. Elles partiront en bateau jusqu'en Tasmanie, à Hobart où elles prendront l'Astrolabe, le bateau brise-glace.

Et les hivernants petit à petit arrivent. L'excitation, la curiosité, l'appréhension....Avec quelles personnes vais-je passer 15 mois de ma vie, dans un isolement complet ? On reconnaît les têtes, on apprend les prénoms, on essaye de les retenir, les formations,..etc. On essaye de se faire une idée des différentes personnalités. La formation avance, au fur et à mesure, tu commences à connaître tous ceux qui t'accompagneront. Je pense que tout le monde, aura croisé les doigts pour que l'hivernage se passe bien. Tout le monde aura eu une pensée pour que l'équipe soit soudée et pleine de vie.

Vendredi soir,....c'est la fin. Un au revoir. De celui que l'on dit au gens que l'on ne reverra pas (pour ceux et celles qui partent dans les îles subantarctiques, Kergeulen, Crozet et Amsterdam) et de celui que l'on dit en sachant que d'ici quelques semaines nous seront tous réunis.

mercredi 8 septembre 2010

Une première page

Deux semaines auparavant, j'ai quitté le Québec...mon premier départ.

On range, on trie, on jette, on fait des sacs. Tout ne rentre pas, il faut défaire et refaire. On ferme, on sangle. Les sacs sont faits. Difficile de décrire un départ...des sentiments de tristesse face à ce que l'on laisse et une excitation face à ce qui nous attend.

On monte dans l'avion, on s'attache. L'avion décolle. On dort, on mange, on lit, on écoute de la musique. L'avion atterrit. La première page de cette histoire a été tournée, au moment même où j'ai posé le bout de mon pied sur le territoire français.

Depuis ce moment,
J'oscille entre les médecins. Chacun à son tour s'assure de mon état de santé, que tout va bien. Les dents. Les yeux. Le corps. La peau. Tout y passe, pas un seul recoin n'a pas été inspecté.
J'oscille entre les magasins. Dans chacun d'eux, j'ai englouti mon panier....tout doit être pensé, retourné mille fois afin de s'assurer que rien n'a été oublié. Quinze mois de voyage...
J'oscille entre les pages de mon mémoire, page 1, page 2, page 3, page 4. Ne rien laisser passer, ne rien oublier là encore.

Difficile que de devoir penser à son passé comme au présent et au futur en même temps. Un étrange mélange de pensées qui se bousculent, jouent dans ma tête....

Merci à tous ceux qui sont de l'autre côté de l'Atlantique ! On se recroisera.

En route pour la deuxième page....