Quand je suis arrivée, j’ai appris à dépendre des gens. J’ai appris à déléguer mon travail. Tout ce que je faisais par moi-même en métropole, je l’ai délégué. Ici, chacun a son domaine. Je suis scientifique océanographe. Il est menuisier. Il est mécanicien de précision. Il est plombier. Il est électricien,..etc. Je dois percer des trous pour mettre des étagères, j’appelle le menuisier. Les aquariums fuient, j’appelle le plombier. Tu apprends à demander, à connaître les spécialités de chacun. Mais il est difficile de toujours dépendre des gens. Parfois tu as l’impression de perdre ton temps. Parfois tu aimerais pouvoir faire les choses par toi-même. J’ai eu parfois le sentiment de perdre toutes habilités manuelles. J’ai eu parfois le sentiment d’être inutile, de ne savoir rien faire. Mais j’ai appris. J’ai appris à aller voir les gens, à expliquer, à me renseigner, à déléguer.
Des journées, courant après Jean-Marc, le chef technique, pour demander des améliorations pour le SeaLab (le containeur de tri, celui où nous passons nous journées entières), pour des aquariums. Lui courant après, avec ma liste de course à la main, le tout noté sur un bout de papier. J’ai couru. J’ai rencontré les hivernants, les campagnards d’été et j’ai appris à la connaître.
En Antarctique, il faut apprendre à dépendre des gens. Il faut apprendre à vivre en communauté. La terre est hostile à notre présence et nous devons faire attention aux uns et aux autres. Nous sommes tous là pour venir en aide. Nous avons chacun nos spécialités.

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