un parfum d'aventure, dans les eaux de l'antarctique

Je pars en Antarctique pour un peu plus d'un an, plus exactement en Terre Adélie, à Dumont d'Urville avec l'IPEV (Institut Paul Emile-Victor). Dumont d'Urville est une base de recherche polaire française, située en dessous de la Tasmanie. Mon rôle sera d'étudier les poissons et les organismes qui vivent sur le fond, en dessous de la banquise.

samedi 5 février 2011

Un ROV qui s’appelle Achille.

Le ROV ou robot télécommandé, ou encore robot sous-marin capable de filmer ou
encore,..... je ne sais pas...., la technique et la technologie actuelles ont rendu obsolète mes connaissances en la matière. Tout ce que je sais sur le ROV Achille, il est vieux de 50 ans environ. C’est un homme qui a vécu déjà un bon bout de vie et qui normalement profite des beaux jours calmes avant que les réparations ne s’enchaînent. Il est relativement de taille imposante...en même temps tout est de taille relativement imposante vis à vis du «bébé ROV» (le petit ROV jaune pour lequel je me suis entraînée à le diriger, le seul dont je parle depuis le début dans ce blog).
Le surnom de "bébé ROV" vient de son besoin incessant que l’on prenne soin de lui: c’est un jeune enfant. Certains l’ont même surnommé le ROV Lansay. Mais je ne partais pas pour parler de lui mais de son homologue de plus grande taille. Pourquoi l’a-t-on appelé Achille ? Je ne sais pas. C’est une bonne question et si quelqu’un a la réponse je serais heureuse de l’entendre.


Donc ce ROV Achille, voilà plusieurs jours que nous sommes sortis pour l’emmener en mer explorer les fonds sous-marins . Avec sa caméra, il filme et enregistre tout ce qui passe devant son gros oeil.
Ce matin, j’ai fait ma première sortie avec Achille. C’est la première fois que je vois en direct ce qu’il y a sous mes pieds, non pas juste à 10 mètres mais à 100 mètres, à 200 mètres sous moi. Dans ses grandes profondeurs sombres, obscures et glaciales.... Tout seul comme un homme, il est descendu dans le noir. Ses deux phares éclairent le bleu de la mer, les quelques «particules» présentes dans l’eau. Sur les côtés, tout est noir, tout est noir complet. La lumière n’existe pas. La lumière n’existe plus. Nous entrons dans un monde totalement différent du notre. Nous entrons dans un monde où la lumière n’est plus un acteur important du comportement du rythme de vie.
Bien sûr, la lumière en surface signifie le développement des microalgues, le phytoplancton et ce sont ces microalgues ainsi que le zooplancton (crevettes, copépodes, krill) qui le mange, qui en tombant nourrissent en partie les organismes du fond des océans. Alors plus il y a de lumière, plus il y a de microalgues, plus il y a de zooplancton, plus il y a de nourriture qui tombe. Nous découvrons au fond un monde coloré, diversifié, foisonnant de vie, magique; aucun mot pour le décrire. Un monde encore vierge, un monde subissant les icebergs et le froid. Je découvre la vie. Je découvre un monde merveilleux dans lequel je voudrais me fondre. Je voudrais participer à ce monde, le comprendre, comprendre comment il fonctionne, quel est le rôle de chacun là-dedans. Je voudrais surtout le regarder, l’observer sans le changer. Il est là, impassible. Il reste. Ici. Jamais. Toujours.


Ce matin, je suis donc allée explorer les recoins sombres de la planète.
Je voudrais descendre. Je voudrais plonger et ressentir le calme de l’eau, sentir sur ma peau le poids de la mer avec sa force. J’aimerais plonger dans l’obscurité, ne plus avoir d’yeux et avoir ne serait-ce qu’un petit aperçu des adaptations que ces organismes ont pu développer. Je suis aveugle, je suis sourde, je suis insensible. Je ne réponds à rien, de rien. Je suis aveugle à mon environnement sensoriel. J’ai voulu sentir le vide autour de moi et l’ivresse des profondeurs. Mais j’ai peur, j’ai peur de descendre dans le noir, de ne plus rien voir, et de perdre tout repère. Sans mes yeux, je ne suis rien. Je n’existe plus. J’ai peur de croiser la route d’une baleine, celle d’un manchot. J’ai peur du rien. J’ai la tête en bas. Je me retrouve à l’inverse. Je ne sais plus. Je me suis perdue. J’ai suivi le chemin. Lequel ? Celui que mes yeux m’indiquaient...je ne sais pas. J’ai perdu la notion du temps. J’ai perdu toutes notions. Je n’ai plus aucun repère.

Et j'y suis arrivée. Mon pied a touché le fond. J’ai senti le piquant des bryozoaires, le plastique des ascidies. Je ne connais ni leur couleur, mais je peux sentir à l’aide de mon pied, de ma main leur forme. Je vois. Je vois avec mes mains. J’ai plongé. J’ai vu. Mais j’ai peur. J’ai peur d’être seule dans le noir. Je me retourne. Un poisson vient de me frôler . J’ai peur dans le noir.....

2 commentaires:

marion a dit…

Bonjour Camille
Je n'ai pas trouvé pourquoi ROV s'appelle Achille mais Achille à une grande famille:
- ROV achille
- super Achille
- Achille M4

et dans la société il doit y avoir un grand comique car il y a aussi
- ROV Hector (le cousin)
- ROV Triton (le grand frère)
- ROV actrix ....... et bien d'autres
Bon je continue mes recherches
Au plaisir de vous lire
La maman du petit Beniot

Anonyme a dit…

Bonjour,

le premier système conçu s'appelait Thethys.

le nom Achille a suivi.

NL

pilote de rov

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