un parfum d'aventure, dans les eaux de l'antarctique

Je pars en Antarctique pour un peu plus d'un an, plus exactement en Terre Adélie, à Dumont d'Urville avec l'IPEV (Institut Paul Emile-Victor). Dumont d'Urville est une base de recherche polaire française, située en dessous de la Tasmanie. Mon rôle sera d'étudier les poissons et les organismes qui vivent sur le fond, en dessous de la banquise.

mercredi 9 mars 2011

Le Mât Iono


Une tour dans le ciel, un jour de soleil. Elle surplombe l’île. Elle est notre repère dans l’espace. Indépendamment de la direction où je vais, elle m’indique le chemin du retour. Parmi cette multitude d’îles et îlots, je ne sais m’y retrouver. Je ne connais encore ma géographie adélienne. Les bergs, les îles, tout semble changer de position. La tectonique des plaques est trop active ici. En quelques minutes, une plaque peut lâcher et disparaître.

J’ai beau essayer d’apprendre par coeur les cartes, je me perds. Je les reconnais de loin mais à leurs pieds je me trouve perdue. Quelles sont ces îles ? Suis-je trop à l’Est, à l’Ouest. Où suis-je ? Le compas ne fonctionne pas ici...le pôle Sud magnétique est trop proche et la boussole est complètement déboussolée. À part pointer vers le bas, elle n’est capable de pas grand chose d’autre...


Alors je prends de la hauteur, je monte sur les sommets de l’île, le plus haut sommet de l’île : le Mât Iono. Le but de ce mât, il supporte les antennes GPS pour les glacios, des antennes radios,...etc. Il surplombe toute l’île. Avec ses 65 mètres de haut, la vue d’en haut doit être belle, je me suis dit. Et j’ai grimpé, j’ai grimpé tout en haut. J’avais peur du vide, je ne voulais pas regarder, ni en haut ni en bas par peur de tomber.... Quelle idée de grimper alors que l’on a le vertige ???

Mais une fois en haut le paysage en vaut le détour,...la vue est imprenable et le mât est suffisamment haut pour pouvoir voir au-delà du glacier de l’Astrolabe. Et puis là sous mes yeux, une carte se dresse, les relations de distance entre les îles, le chemin à parcourir, l’endroit où je vais travailler cet hiver, là où je viens de poser une nasse, la petite bouée orange perdue.... Je m’assoie et je tourne sur mes fesses, je ne bouge plus et je regarde.

Mais c’est sans compter qu’il faut redescendre.....



Photos prises par Xavier

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