Nous voici enfin dans le grand hiver d’Antarctique. Le 21 juin est passé depuis deux semaines maintenant. Deux mois dans l’hiver d’Antarctique.
Que cela change-t-il, me diriez vous ?
Cela ne change pas grand chose à notre quotidien. Nous ne voyons pas encore les jours rallonger. Notre temps d’ensoleillement est toujours plutôt réduit. Il ne fait pas plus froid qu’avant. Il n’y a pas plus de vent. Il n’y a pas plus de neige.
Mais pourquoi aller en Antarctique, si tout a l’air si « y a pas» ?
L’Antarctique est un monde à part. L’Antarctique est un monde où le temps n’existe pas, et en même temps où le monde évolue très rapidement. Nous pouvons passer d’une île à un grand désert blanc en quelques jours. Dans le sens inverse... en quelques heures. Tu ne verras pas ton paysage changer aussi brusquement, les feuilles d’automne ne tombent pas si vite.
Le soleil est un miracle en soit. La lune, une espérance. L’un nous apporte le jour. L’autre la lumière dans la nuit noire.
Il est difficile de décrire de tels paysages. Les photos ne peuvent pas rendre le mouvement perpétuel qu’y se passe sous nos yeux. Tout change, le vent transporte la neige. Le soleil éclaire le glacier d’une couleur orange. Les nuages donnent une couleur bleue au continent. Et le vent balaye tout sur son chemin.
Nous avons vu une île, un rocher, un caillou, la colline au milieu d’un désert. Nous attendons les monticules de neige. Nous attendons que les perturbations du Nord viennent nous apporter de grandes quantités de neige: plein de neige, de la neige recouvrant toutes les îles, de la neige cachant tout, insonorisant tout . Nos météorologues nous font miroiter de la neige. Ils nous ont fait miroiter. Ils prennent maintenant des pincettes... car même une tempête de neige ne nous apporte finalement que très peu de neige.
La semaine dernière, le vent a soufflé et la neige a battu nos joues. Nous l’avons accueillie à bras ouverts. Mais la neige est partie aussi vite qu’elle est arrivée. Elle n’a fait que nous survoler. Le lendemain matin, après deux jours de neige, nous n’avions plus rien. Seules les zones protégées du vent se sont renflouer. Pas de quoi faire un bonhomme de neige. Pas de quoi faire un iceberg.
Mais la neige s’est accumulée au trou de pêche, derrière, devant. Elle s’est retrouvée piégée par mon monticule de glace que je m’efforce de construire depuis deux mois. La neige a été la bienvenue. La neige réchauffe. La neige isole. Alors depuis que je peux en mettre tout autour du trou de pêche, le trou de pêche ne s’englace que très peu.
Au bout de deux jours, il n’y a qu’un peu de frasil en surface. Un rêve !
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