un parfum d'aventure, dans les eaux de l'antarctique

Je pars en Antarctique pour un peu plus d'un an, plus exactement en Terre Adélie, à Dumont d'Urville avec l'IPEV (Institut Paul Emile-Victor). Dumont d'Urville est une base de recherche polaire française, située en dessous de la Tasmanie. Mon rôle sera d'étudier les poissons et les organismes qui vivent sur le fond, en dessous de la banquise.

mardi 5 juillet 2011

Une méthode de pêche particulière

Nous sommes en Antarctique et il faut déployer les grands moyens pour trouver l’objet de nos convoitises. Celui-ci se cache bien souvent dans les profondeurs, dans le noir de l’eau, parfois dans les recoins de la banquise, parfois tu l’aperçois s’échappant. Il est difficile de l’attraper.

L’objet de mes convoitises n’est qu’un poisson. Une espèce de poisson. Celle-ci dépend de mes humeurs, des jours, des besoins. Certaines, je les pêche tellement souvent que j’en ai marre de les voir dans mes casiers ou au bout de ma ligne. Si le poisson n’est pas congelé, je le rejette parfois à la mer. Certaines espèces sont plus dures que les autres à attraper. Il faut parfois attendre de longues heures avant que l’un d’eux ne décide à venir mordre à l’hameçon.

Il y a quelque temps, ma ligne trempait dans l’eau à quelque mètres de profondeur à travers une rivière dans la banquise. Une rivière est une ouverture dans la banquise, une faille. À certains endroits, la glace bouge tellement que l’eau n’a pas le temps de se recongeler ce qui me laisse la place libre. Donc ma ligne dans l’eau n’attrapait aucun poisson. Ce qui est bien triste. J’ai regardé dans l’eau, essayant de sonder les profondeurs. Un noir presque absolu. Le fond est trop loin pour que je puisse l’apercevoir. Le poisson convoité n’est pas dans le coin. Mais des tâches blanches bougent dans l’eau. Des tâches qui ressemblent à de tous petits poissons. Quelle espèce ? Je ne sais pas, probablement des Pagothenia borchgrevinki. Je vous laisse le soin d’aller voir la tête que ce poisson peut avoir. En tout cas, ces petits poissons sont bien trop petits pour pouvoir mordre à l’hameçon. Aucun moyen pour moi de les attraper. Je repartis donc, me disant que je ramènerai une épuisette la prochaine fois.


camille, guillaume et clement

J’ai ramené une épuisette avec moi. Je suis retournée au même endroit. Rien à faire, pas un seul petit poisson en vue. Je suis allée voir partout aux alentours. Rien. J’ai plongé ma tête dans l’eau.


J’ai cherché partout en dessous de la banquise. Rien. J’ai continué. J’en ai aperçu deux dérivant dans le courant. Tellement vite, qu’à peine aperçu, ils avaient déjà disparu. Puis un phoque est apparu. Il a presque croqué ma tête. Mais le pire dans tout cela, est qu’il a certainement fait fuir tous les poissons des alentours. Après avoir dépensé autant d’énergie dans ma recherche, je suis dépitée. Ma combinaison est trempée ou congelée. Difficile de dire. Tout cela pour même pas un petit poisson.

Tant pis, je reviendrai. Et je vous trouverai.



Photos de Sophie

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