Avec les premiers nénuphars, les premiers empereurs. Juste quelques uns. Pas beaucoup. Deux ou trois par-ci, par-là. Seuls sur leur bout de glace, ils attendaient. Ils attendaient l’apparition de la banquise hivernale et peut-être celle de leurs congénères.
Et la banquise est apparue. La banquise s’est solidifiée. Elle a résisté aux tempêtes entre l’île des Pétrels et l’île Le Mauguen et l’île de Rostand. Maintenant elle fait cinquante centimètres d’épaisseur dans cette zone. Et ils sont arrivés. Tout d’abord, des petites colonnes, dix-vingt manchots empereurs. Petit à petit, leur nombre a augmenté. En quelques jours, ils sont passés de 10 à 900 dans la manchotière.
Et les colonnes continuent d’arriver. Leur taille augmente. Ils sont maintenant plus de 100. Tous à la queue leu leu. Des êtres vêtus de noir. Les ailerons le long du corps, ils se dandinent. Doucement, ils avancent. Ils conservent le maximum d’énergie. Ils attendent les retardataires, se reposent. Debout sur leur deux pattes, ils affrontent les éléments jusqu’à la colonie. Chaque obstacle est contourné après «réflexion». Le meneur s’arrête, regarde, tourne la tête. Il ne sait pas. Il retourne dans la colonne et se fait remplacer. «Par où dois-je aller ?»
Je ne connais par leur nombre maintenant. Mais la manchotière grandit, évolue, éclate. Elle bouge suivant le vent. Elle s’abrite derrière les îles. Des petits groupes se forment. Les femelles chantent d’un bout à l’autre de la colonie. Elles baissent la tête et émettent leur chant. Tous des trompettistes ! Elles rentrent dans le groupe à la recherche de leur partenaire. Elles continuent de chanter jusqu’à ce que leur partenaire leur réponde.
Des batailles éclatent. Mais toujours avec la même réserve. Il ne faut pas s’énerver. Les empereurs méritent leur nom. Ce sont les maîtres de l’hiver.
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